Étonnante et paradoxale Patricia Petibon. Cultivant une irrésistible fantaisie autant qu’un tempérament passionné, elle n’en mène pas moins l’une des carrières les plus remarquablement construites parmi les sopranos de sa génération. En trente ans bientôt, elle est passée des bergères et nymphes de la musique française des 17e et 18e siècles aux grands rôles dramatiques, qui l’ont vue enflammer les publics des plus prestigieuses scènes d’Europe, de Paris à Vienne en passant par Barcelone, Milan, Munich ou Salzbourg. Sa voix intensément projetée, son infaillible précision musicale font merveille aussi bien chez Mozart que dans la musique contemporaine, comme chez Verdi, Massenet ou Berg – sa Lulu est considérée comme l’une des plus grandes incarnations du rôle. Elle n’en néglige pour autant ni la mélodie, dont elle est une interprète subtile et accomplie, ni les compositeurs baroques de ses débuts, même si la maturité la conduit désormais vers les héroïnes tragiques. Héloïse Gaillard et son Ensemble Amarillis parcourent avec elle le chemin des magiciennes, Médée et Circé, celui aussi des tourments amoureux et de la folie.